Les postes fluviales en Colombie
1) Le Rio Magdalena. Lorsqu'on park de la Colombie, on pense aussitöt ä ce fleuve, qui remonte tout le pays du sud vers le nord, pour aller se jeter dans la mer des Antilles, ä Barranquilla. C'est la voie de communication la plus importante de Colombie, et il est donc naturel qu'elle ait ete utilisee des le siecle passe pour le transport des marchandises et du courrier. C'est le 14 fevrier 1891 qu'un contrat fut signe entre le Directeur des Postes Colombiennes et l'administrateur de la «Compania colombiana de transportes», prevoyant notamment la creation et l'utilisation d'entiers postaux speciaux pour le courrier vehicule sur le Rio Magdalena (Voir figures l et 2).
Ce contrat, valable pour une periode de trois ans, partait du ler janvier 1891, et allait donc jusqu'au 31 decembre 1893. En fait, l'inauguration du Service n'ayant eu lieu que le 31 mars, on ne doit pas pouvoir trouver d'entiers postaux utilises avant cette date. Par ce contrat, la Compagnie s'engageait ä transporter le courrier trois fois par mois, de Yeguas ä Barranquilla, Cartagena et Santa Marta, et vice-versa. La capitale, Bogota, ne se trouvant pas sur le fleuve, le courrier commencait par effectuer un trajet terrestre. Des chemins de fer furent bientöt construits, reliant Bogota ä Facatativa et ä Girardot. (II existe egalement des entiers postaux pour ces trajets, mentionnant «Servicio postal ferreo»). Les ports oü les vapeurs faisaient escale sont les suivants: Yeguas, Nare, Puerto
Berrio, Puerto Wilches, Dique de Paturia, Bodega Central, Puerto Nacional, La Gloria, Mompos, Zambrano, Calamar, Remolino, Barranquilla, Cartagena et Santa Marta. Notons que de Girardot ä Ambalema, le trajet etait effectue par de petits bateaux, et que d'Ambalema ä Honda, c'etait le rail qui permettait d'eviter les rapides de la Magdalena. Enfin, des Honda, et pour tout le reste du parcours, ce sont les grands bateaux de riviere de la Compagnie colombienne de transport qui prennent le relais. De Barranquilla ä Santa Marta, le trajet s'effectuait partie sur terre, partie au moyen d'embarcations legeres.

Carle des Rios Magdalena, Cauca et A t rat o.
Le contrat fut par la suite renouvele deux fois, une premiere fois du ler janvier 1894 au 31 XII1896, et la seconde et derniere fois jusqu'au 31 decembre 1899. A partir de cette derniere date donc, la validite de ces enveloppes cessa, ce qui n'empeche pas qu'on les retrouve encore bien plus tard, comme le prouvent d'ailleurs les deux exemples, de 1903, illustres ici. Comment ce fait peut-il s'expliquer?
Eh! bien, contrairement ä son habitude, l'administration ne brüla pas le stock restant d'enveloppes, de sorte que ceux qui en possedaient pouvaient toujours les employer, ä condition d'apposer des timbres pour les affranchir, puisque la Vignette imprimee sur l'entier (5 ou 10 centavos) n'avait plus de valeur. On pouvait donc les utiliser des cette date comme des enveloppes ordinaires, et les envoyer n'importe oü, sans qu'elles passent necessairement par le fleuve. Le collectionneur doit alors verifier que l'entier a bien du passer par la Magdalena, comme c'est le cas pour les deux exemples que nous donnons, puisque Tun va de Bogota ä Santa Marta, et l'autre ä Barranquilla, puis par mer jusqu'ä Tanger.
On remarquera qu'il n'y a pas de cachets speciaux: on ne trouve generalement que celui de la ville de destination ou de transit.
2) A l'ouest de la Magdalena, et dans le meine sens, court une autre riviere importante, c'est la Cauca. Nous n'avons aucun renseignement concernant d'eventuels transports postaux sur ce cours d'eau, qui rejoint finalement la Magdalena pres de Magangue, mais nous ne serions pas etonnes qu'il y en ait eu. Peut-etre apparaltront-ils un jour? 3) Enfin, plus ä l'ouest encore, un autre fleuve, d'une longueur moindre, remonte lui aussi du sud au nord pour se jeter dans la mer pres de Turbo, c'est le Rio Atrato. II a un petit affluent, le Rio Sucio. Un vapeur au moins le parcourait, qui portait le meme nom que le fleuve. C'est ce que prouve la lettre illustree par la figure 3. Elle est affranchie par un timbre provisoire de la Cauca, oblitere ä la main: «Rio Sucio». A cöte, manuscrit egalement: «Por V(apor) Atrato», et eile est adressee ä Quibdo. Le vapeur, apres avoir rejoint le Rio Atrato, l'a donc remonte tres loin au sud. Quant ä savoir d'oü provenait la lettre, nous ne pouvons faire que des conjectures: la seule ville que notre atlas indique sur le Rio Sucio se nomme Pavarandocito.
Pour ce qui concerne la date, vu le provisoire qui affranchit la lettre, eile doit se situer aux alentours de 1890.
BIBLIOGRAPHIE. Douglas BAYLISS: Colombia: Servicio postal fluvial.
Douglas BAYLISS: COLOMBIA: The River Route after 1900.
Les deux articles dans le «MAIN SHEET» de la branche latinoamericaine de la «Spanish Society» de Londres.